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L’UNION with OdAce Music, MMC et Dooweet à propos de promotion musicale

By: Emily Monnaux - 15 mai 2020 - 0

Passionnée de musique, Emily est partie à la rencontre de professionnels de la promotion musicale. Quelle stratégie faut-il mettre en place pour faire connaître un artiste ? Comment la manière de communiquer a-t-elle évolué ces dernières années ? Quel impact la crise du COVID a-t-elle sur l’industrie ? Les directeurs d’OdAce Music, Music Media Consulting et Dooweet ont accepté de répondre à ses questions.

Pouvez-vous présenter votre agence en quelques mots ?

Ivan Zoro, OdAce Music : « On a pour vocation d’aider toutes les personnes qui ont un projet musical, aussi bien des artistes en développement que des professionnels, à communiquer. On souhaite casser les codes de l’industrie en mettant en place des dispositifs à petits prix voire gratuits afin de rendre la réussite accessible à tous. »

Hervé Cocto, Music Media Consulting : « J’ai fondé l’Agence du Podcast et MMC en 2002. Si on est toujours sur le marché depuis si longtemps, c’est grâce à notre diversité. On accompagne aussi bien les grosses majors que les petites boîtes du moment. MMC est la seule agence en France à faire tous les médias et tous les styles de musique. Notre ambition : être une boîte à outils pour les artistes. »

Christophe Sousa, PDG de Dooweet : « On est une agence de promotion musicale qui s’occupe principalement de relations presse pour des artistes émergents/indépendants et pour d’autres beaucoup plus connus. »

Quel est le mix communicationnel parfait pour faire connaître un artiste, ses albums ainsi que ses concerts ?

I. Zoro : « « C’est important d’avoir à la fois de la visibilité et l’engagement. La visibilité pour toucher le plus de personnes possibles. Et de l’engagement pour avoir des personnes qui soient là pour acheter les projets que mettent en place les artistes. Pour y arriver c’est un mix de promo via un attaché de presse qui va négocier de la visibilité. Et le marketing, de plus en plus digital où on va dégager des budgets pour obtenir plus de visibilité. Sans oublier la distribution, qu’elle soit physique ou digitale »

H.Cocto : « Cela dépend. On ne va pas travailler de la même façon pour tous les projets musicaux. Il y a certains titres qu’on sort uniquement en digital (Deezer, Spotify et Radio). D’autres où la stratégie est basée sur une sortie d’album physique et des dates de concerts. Le mix sera forcément différent en fonction de la nature du projet à défendre.  »

C.Sousa : « Il n’y a pas vraiment de mix parfait. Les campagnes sont assez différentes quand on fait du live, du CD ou du FIP. Typiquement, on ne va pas travailler de la même façon avec un artiste connu qui a déjà sa fanbase, qu’avec un artiste en développement où on essaie de conquérir de nouveaux fans. Globalement, ce qu’on recommande c’est un mix entre communication sur les réseaux sociaux et au niveau des médias dits traditionnels. »

Qu’est-ce qui a changé avec l’essor du digital ?

I.Zoro : « Les réseaux sociaux ont pris une énorme part dans la promotion de la musique. Dans les années 2000, ce n’était pas un budget aussi énorme alors qu’aujourd’hui, c’est limite le budget principal. De plus, le digital est en train de donner des nouvelles opportunités à l’industrie musicale. »

H.Cocto : « Avec l’essor du digital, les artistes gagnent moins et ils se doivent être plus créatifs. On est dans une nouvelle génération d’artistes, peut-être moins productifs que les précédents. Aujourd’hui, un artiste doit savoir comment poster une vidéo sur YouTube, poster un lien sur Facebook, comment faire un backlink de son titre sorti sur Spotify, ect. Voilà, l’artiste vit dans ce métier en étant %100 geek et %100 artistique. S’il a les moyens d’avoir des gens qui font ça à sa place, tant mieux. Mais c’est très rare. Plus on va avancer plus, ça va devenir.  Après, il y aura moins de revenus pour lui car s’il travaille en direct avec des agences de relations presse, il pourra by passer certains labels. »

C.Sousa : « La communication est beaucoup plus fluide et beaucoup plus rapide. Les délais sont bien plus courts que pour préparer un sujet en télévision par exemple, on est sur de l’instantané. On est moins amené à acheter des espaces auprès des médias traditionnels. »

Quelles sont les tendances pour le futur ?

I.Zoro : « La réalité virtuelle fait tout doucement son nid, on peut assister à des concerts en réalité virtuelle aujourd’hui. En visitant le MIDEM, un des plus grands salons dans l’industrie musicale, on retrouve beaucoup de stands du genre, c’est un signe. »

H.Cocto : « Les podcasts sont en train de prendre de plus en plus de place. C’est dingue de se dire qu’un média qui n’existait pas il y a 5 ans est en train de s’imposer aujourd’hui. »

C.Sousa : « Pour les genres de musique, la musique urbaine et le rap marchent très fort. C’est vraiment pour moi les deux styles de musique qui se démarquent beaucoup. On va parler du rap où les rappeurs savent utiliser toutes les nouvelles méthodes de communication qui existent. »

Quel est le budget propre d’un artiste ? Pour le lancement d’un album et la promotion d’un de ses concerts ?

I. Zoro : « Ça dépend totalement de l’artiste. Cela va de centaines de milliers d’euros pour des gros artistes signés chez Universal par exemple à des dizaines d’euros pour des artistes confidentiels. Via OdAce Music, on essaye de trouver le meilleur compromis entre prix, visibilité et engagement et il y a déjà moyen de construire un très bon projet complet avec quelques centaines d’euros. »

H.Cocto : « Ça dépend de sa stratégie. Si on ne fait que du Community management, ce sera forcément une prestation moins chère que si l’ensemble des ressources de l’agence sont mises à contribution. Plus il y a des gens impliqués, plus la prestation coûte chère. On s’adapte en fonction des objectifs et du budget du client. »

C.Sousa : « Pour les artistes avec un budget réduit, on va les diriger vers des campagnes de marketing digital. Alors que pour ceux qui ont un très gros budget, on leur donnera accès aux mass-média (affichage, radio, etc.). Les budgets vont du simple au centuple. Cette diversité rend la travail passionnant : on a différents terrains de jeux. »

Quels sont les artistes dont la communication est particulièrement réussie selon vous ?

I. Zoro : « Récemment, il y a Rilès, un rappeur Français qui chante en anglais. Il est facilement identifiable artistiquement grâce à une véritable identité visuelle et musicale. Il arrive à surprendre à chaque fois et à tenir un public en haleine. Ses clips sont de plus en plus spectaculaires et profonds. Il met en place des vidéos hypers originales, des formats courts et pratiques à visionner. Je me rappelle aussi d’une campagne de PNL en partenariat avec Uber. Pour tous ceux qui voulaient écouter leur album en prenant Uber, la course était gratuite. »

H.Cocto : « Récemment, on a mené une chouette campagne pour un artiste qui s’appelle Boostee. Cela lui a permis de signer chez Polydor et de sortir un tube qui s’appelle « Pop Corn » et qui est monté à un total de 23 millions de streams sur Spotify. »

C.Sousa : « En ce moment, il y a Angèle et le rappeur Français Niska. Niska, parce qu’il a tout travaillé. La photo, le style vestimentaire, les clips, la façon de s’exprimer, les gimmicks que tout le monde retient. À côté de ça, il dégage une personnalité attachante malgré un profil de voyou. Il peut aussi véhiculer des messages très positifs. Il a donné, par exemple des concerts en prison, un choix absolument génial. »

Comment l’industrie s’adapte avec la crise sanitaire actuelle ?

I.Zoro : « Beaucoup d’artistes ne pensent pas qu’à eux et se servent de leur art pour aider. La crise qu’on vit montre que les artistes, et les gens en règle général, font preuve de beaucoup de solidarité. »

H.Cocto : « En 2002, les ventes physiques représentaient 80% du marché. Aujourd’hui, on est à 60% pour le streaming et 40% pour les ventes physiques. On aurait donc moins bien vécu cette crise ces années-là.  C’est vrai que pour le concerts c’est la cata et que les clubs ne peuvent plus booker des DJ. Là effectivemment, ça commence à devenir très long. Mais on a quand même de la chance parce que le stream a pris le pas sur le physique. »

C.Sousa : « Cela a surtout été compliqué au niveau des concerts où tout a été annulé. Au niveau des sorties d’albums, on a continué à bosser et tout a été maintenu. »

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